“Hein ? On l’a eu ?” Il a fallu dix secondes à la journaliste Itô Shiori pour réaliser sa nomination à l’Oscar du meilleur documentaire. Black Box Diaries est le premier film japonais nominé dans cette catégorie.
En 2015, Itô Shiori est une jeune journaliste de 26 ans. Un soir, elle rejoint un directeur de chez TBS, la chaîne de télévision publique japonaise, pour un dîner d’affaires. Itô Shiori, a qui on laissait entrevoir un poste à Washington, vit l’enfer cette nuit-là. Droguée et violée, elle se réveille le lendemain dans une chambre d’hôtel. Oui, mais voilà, peu importe que cet homme soit un proche du Premier ministre japonais, la journaliste ose parler. En 2019, elle raconte à Sonia Devillers dans L’instant M : “Quand je suis venue déposer ma plainte pour viol au commissariat, le policier m’a dit “De toute façon, ce genre de choses arrive tout le temps, ça ne peut pas faire l’objet d’une enquête”.”.
Itô Shiori ne s’arrête pas là et décide de se battre. Enquêtant sur sa propre affaire, elle publie en avril 2019 le livre La Boîte Noire pour faire changer la société japonaise dans laquelle dénoncer une agression sexuelle et synonyme de suicide social.
Aujourd’hui considérée comme le symbole du mouvement #Metoo au Japon, Itô Shiori sort le documentaire Black Box Diaries. À partir d’images et d’enregistrements, elle enquête sur sa propre agression sexuelle. Le documentaire qui dénonce un sujet tabou dans la société japonaise n’est toujours pas distribué au pays du soleil levant.