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Lysistrata Média

Être vulgaire, ça veut dire quoi ?

En 2011, le magazine Elle publiait sur son site internet “Vulgaire ou sexy ? Les hommes jugent les stars”. Un article de onze images de stars et pour chacune d’entre elles, trois commentaires masculins. Sous la photo des bas résilles de Taylor Momsen, on peut lire : “Ces bas sont une atteinte à la dignité de la femme ! (…) Vulgaire !”. Merci Alexandre, mais on aurait pu se passer de ton commentaire. Voir des hommes jugeant ce qu’ils considèrent comme de la “vulgarité” féminine reste tout aussi courant 14 ans plus tard.

La pression du mot vulgaire sur les femmes, c’est le sujet du livre collectif “Vulgaire qui décide ?” coordonné par Valérie Rey-Robert, sorti cette année. Mais être vulgaire ça veut dire quoi ? Pour les auteures du livre, la vulgarité est un “outil puissant de contrôle social” utilisé “pour marquer les femmes des classes populaires comme déviantes ou inférieures”. Le Larousse définit une personne vulgaire comme quelqu’un “qui manque d’éducation, de délicatesse, qui fait preuve de grossièreté”. Adjectif péjoratif, attribué à la manière de s’habiller, au maquillage porté ou encore au langage utilisé, la vulgarité concerne plus souvent la gent féminine que masculine. On trouve donc sur Internet des articles comme “ce qui rend une femme vulgaire : cinq écueils à éviter”. On y apprend par exemple que l’utilisation de gros mots est à bannir. “Cela fait vulgaire dans la bouche d’une femme”.

En 2018, la professeure d’histoire moderne Maurice Daumas expliquait au magazine Elle que “la grossièreté fut longtemps considérée comme un langage de harengère du côté des femmes, alors qu’elle servait de rite de passage aux garçons.” Selon la revue scientifique Lingua, dire des gros mots réduirait le stress. Alors Taylor, on ne s’en bâterait pas un peu les ovaires de ce qu’Alexandre pense de tes bas résilles ?