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Lysistrata Média

Trop lourds, même sans poids : ces hommes qui dérangent à la salle

Malgré le mouvement “gymweirdos” à travers  lequel les femmes dénonçaient les “relous de la salle de gym” en 2023, rien ne semble avoir changé.  Les femmes se plaignent toujours des comportements déplacés qu’elles subissent.

“Oh non ! Il  a encore le mec aux chaussures fluos !” C’est la phrase qu’a prononcée une de mes deux amies avec qui j’étais à la salle de sport. “Oh putain il est dégueulasse” s’exclame l’autre. Il s’agit d’un homme d’une vingtaine d’années, connu comme le “voyeur de la salle”. Celui qui n’hésite pas à se retourner pour mater les filles travaillant le bas du corps. Un comportement qui peut paraître isolé, mais qui ne l’est pas. En 2021, une étude américaine démontre que plus de 61 % des femmes ont admis s’être senties harcelées au moins une fois dans une salle de sport par un homme. Poussant même 20% d’entre elles à ne pas aller s’entraîner.

Malgré le mouvement “gymweirdos” dans lequel les femmes filmaient et dénonçaient les “relous de la salle de gym” en 2023, rien ne semble avoir changé. Il s’agit souvent de regards très insistants ou de commentaires sur les tenues portées. Les femmes se plaignent en majorité de la drague lourde qu’elles subissent. Si bon nombre d’hommes expliquent qu’aider une femme à mettre une plaque de poids sur une barre n’est pas draguer, ils sont souvent les premiers à accourir pour se proposer. Simple galanterie ? Difficile à savoir, mais c’est souvent un bon moyen d’engager la conversation.

Les salles de sport sont devenues mixtes dans les années 1980. Et pendant des dizaines d’années, le spectacle de femmes faisant de la gym était considéré comme excitant, explique l’historienne américaine Natalia Mehlman Petrzela dans The Guardian. Des propos qui sont illustrés aujourd’hui par les dizaines d’articles et de vidéos sur les réseaux sociaux expliquant comment draguer à la salle. Contrairement à certains hommes, je doute que les femmes y viennent pour faire autre chose que du sport. Résultat final : plus de 40 % d’entre elles vont à la salle avec une ou un ami. Et ce, juste pour se sentir en sécurité. À chaque salle son “chaussures fluos” donc.

Le retour des salles de sport non-mixtes ?

Une question se pose alors naturellement. Faut-il ouvrir des salles de sport uniquement pour les femmes ? En effet, difficile de se sentir à l’aise dans un milieu aussi masculin. Les femmes ne représentent que 30 % des sportifs à la salle de sport selon une étude MyProtein publiée en 2024. Cela s’explique notamment par le fait qu’être musclé est souvent vu comme une preuve de virilité, d’autorité et de puissance, qualités revenant de manière stéréotypées aux hommes. Mais aussi parce que la musculation a longtemps été dominée par des figures masculines, dans la vraie vie (Arnold Schwarzenegger) comme dans les œuvres de fiction (Rocky, Rambo, Creed, etc.). Cependant, je ne suis pas sûr que créer des espaces non-mixtes soit la solution. Comment voir ça autrement que comme un échec et un retour en arrière ? Un symbole d’une société incapable de faire société. Comment faire changer les comportements, les mentalités si les échanges entre genres deviennent inexistants ? Au niveau génétique, les mutations surviennent parce qu’il y a interaction (avec d’autres cellules, avec le soleil, etc.). Pour faire disparaître les “chaussures fluos”, nous devons continuer à vivre ensemble. Alors pour encore un moment, gare aux cons ma fille, gare aux cons.