Avez-vous porté attention à la programmation de votre festival de musique préféré cet été ? Vous avez peut-être remarqué que les femmes et minorités de genre n’y sont pas en majorité.
La programmation des festivals de musique reflète un problème plus large dans l’industrie musicale : les femmes et minorités de genre y sont globalement sous-représentées. Selon une étude du Centre National de la Musique française de 2019, on ne comptait que 14% de femmes parmi les artistes programmé·e·s dans les festivals français. Seulement 2% des festivals dépassaient alors les 40% de représentation féminine.
Six ans plus tard, la situation s’améliore lentement. En 2025, nous avons calculé environ 30% de femmes sur les affiches de la plupart des grands festivals français – un progrès notable, mais encore insuffisant.
Des initiatives qui portent leurs fruits
La sonnette d’alarme a été tirée il y a plusieurs années dans différents pays. En 2017, l’initiative internationale Keychange est lancée avec l’objectif d’atteindre l’égalité de genre et une représentation intersectionnelle d’ici 2022. Plus de 700 organismes et entreprises du milieu musical ont signé cet engagement.
Les résultats se font sentir. Certains festivals français se démarquent désormais, comme We Love Green ou Rock en Seine, qui affichent 45% de femmes à leur programmation. Cette année Rock en Seine réserve même sa première soirée à une programmation entièrement féminine (avec la superbe Chappell Roan en tête d’affiche).
D’autres peinent encore à rattraper le retard. Les Ardentes en Belgique (21%) ou le Hellfest (22%) restent à la traîne. Ces chiffres s’expliquent en partie par l’identité de ces événements, qui se spécialisent dans des genres musicaux où les femmes sont historiquement sous-représentées : le rap pour le premier, les musiques extrêmes (metal, hard-rock, punk) pour le second. Conscient de cet enjeu, le Hellfest a choisi de réserver une soirée à une programmation 100% féminine sur l’une de ses scènes principales. Une information à nuancer puisque le festival ligérien ne manque pas de programmer des artistes accusés de violences sexistes et sexuelles et homophobes.
Quand les femmes prennent les devants
Face à cette situation, les femmes du milieu musical s’organisent. En France, l’association More Women on Stage, créée en 2022 par la bassiste Lola Frichet, tient son quatrième festival en juin 2025 avec plus de 60% de femmes au programme. L’organisme souhaite « donner l’opportunité aux femmes qui hésitent à se lancer professionnellement de mieux comprendre le milieu musical ».
Au Québec, le collectif Pas de fille sur la prog évalue la part accordée aux projets musicaux féminins et genderqueer dans les programmations et partage ces données sur les réseaux sociaux. Cette année, il a lancé son propre festival entièrement dédié aux artistes femmes et genderqueer.
Ces initiatives témoignent d’une prise de conscience grandissante : pour que les choses changent, il faut parfois créer ses propres espaces plutôt que d’attendre que les structures existantes évoluent.
On vous recommande quelques artistes qui seront à l’affiche de festivals français cet été. Retrouvez nos coups de cœur sur notre playlist Spotify !