Symbole de la lutte féministe face au régime islamo-conservarteur du président Turc Erdoğan, le groupe de pop Manifest se trouve en mauvaise posture. Les six membres du groupe créé début 2025 suite à une émission de télévision, risquent six mois à un an de prison pour “exhibitionnisme” et “comportements obscènes”.
Le 6 septembre dernier, le groupe donnait un concert à Istanbul. Conscientes que crop-tops, minijupes et portes-jarretelles ne sont pas des plus appréciés par les autorités, le groupe a alors pris les devants en interdisant le concert aux moins de 18 ans. Mais cela n’a pas suffi et en moins de 24h un proche du président Recep Tayyip Erdoğan s’indigne sur X, dénonçant des “créatures immorales, impudiques, à l’allure de démons”, partageant une affiche floutée du groupe et exigeant “que quelque chose soit fait pour que cet exhibitionnisme ne se reproduise plus”. Et il n’en aura pas fallu plus pour que le procureur ouvre une enquête pour « exhibitionnisme » et « acte indécents et immoraux ».
Il faut dire que Manifest, le group pop le plus populaire du pays, ne cache pas son opposition au régime islamo-conservateur turc. Les chanteuses, au style inspiré de la k-pop, n’ont pas hésité à insérer dans l’une de leur chanson le slogan du mouvement de protestation contre le régime d’Erdoğan « Le droit ! La loi ! La justice ! ». Le slogan a été repris en chœur par les 12 000 spectateurs lors du concert.
Aujourd’hui interdites de quitter le territoire et placées sous contrôle judiciaire, les six membres de Manifest ont annoncé l’annulation d’une tournée nationale à guichet fermé.