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Lysistrata Média

Bientôt une contraception masculine ?

La pilule contraceptive pour homme est en phase de test dans un laboratoire californien. Si la première phase est convaincante, la pilule est encore loin d’arriver dans nos pharmacies. 

Imaginez un monde merveilleux où les hommes prennent un moyen de contraception. Les femmes sont soulagées des effets secondaires et de la charge mentale que cela implique. Vous pouvez vous réveiller. Ce rêve est très beau et pourtant pas si lointain que cela. Si l’on en croit les derniers tests, c’est même très prometteur. 

Le laboratoire californien YourChoice Therapeutics a révélé cet été les premiers résultats des tests d’une pilule contraceptive pour homme. 16 hommes en bonne santé âgés de 32 à 59 ans ont ingéré différents dosages de ce produit. Aucun effet secondaire n’a été observé, ni sur le niveau de testostérone, ni sur la fréquence cardiaque, ni sur la libido, ni sur l’humeur. 

La pilule baptisée YCT-529 est une molécule non hormonale. Elle interfère directement sur la signalisation de la vitamine A et empêche ainsi la production de spermatozoïdes, mais sans agir sur les hormones de la reproduction. 

Une deuxième phase de test plus importante est maintenant lancée avec des prises quotidiennes sur des périodes plus longues. 

Cette équipe est un peu isolée tant le reste du monde peine à investir dans la recherche sur la contraception masculine. Le laboratoire YourChoice Therapeutics a tout de même obtenu la collaboration de plusieurs autres scientifiques. L’équipe californienne espère passer encore inaperçue des yeux du président Trump qui pourrait bien supprimer certains de ses financements si le projet de pilule pour homme ne lui plaît pas. 

Et en attendant ? 

En France, les moyens de contraception masculins reconnus sont peu nombreux : le préservatif et la méthode du retrait. La vasectomie (opération qui consiste à couper et bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes depuis les testicules) est quant à elle considérée comme définitive pour le moment. Des scientifiques travaillent à rendre cette méthode réversible à 100% mais les recherches sont encore en cours. 

Pour ce qui est du slip contraceptif et de l’anneau, qui permettent de remonter les testicules près du corps pour les réchauffer à 36°C au lieu de 34 et ainsi stopper la spermatogenèse, ils ne sont pas considérés comme des dispositifs médicaux. Cela signifie qu’ils ne sont pas ou peu conseillés par les médecins et qu’ils ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale ou les mutuelles. Un frein de plus dans la prise en charge de la contraception par les hommes. 

Et pourtant, selon plusieurs études réalisées dans le monde, sur plusieurs continents, et donc dans plusieurs cultures différentes, une majorité des hommes, entre 60 et 80% en fonction des pays, acceptent de prendre un moyen contraceptif. Il en va de même du côté des femmes qui sont en couple stable, elles sont une majorité à accepter que l’homme porte cette charge et même en leur faisant confiance. 

Des méthodes pourtant déjà connues 

La question de la contraception masculine ne date pas d’hier. Dès les années 1930, les méthodes pour inhiber la spermatogenèse étaient connues et des tests de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont commencé à partir des années 1970. Malheureusement, comme la plupart des recherches, cela demande des financements, et la contraception masculine n’était pas la priorité. Depuis cinq ans, les investissements ont fortement augmenté, ce qui a accéléré un peu plus les recherches sur le sujet.  

Notre doux rêve s’arrête là. La durée encore nécessaire de la phrase d’étude selon le laboratoire étasunien est de 4 à 7 ans. Il faut ensuite compter le temps de l’approbation étasunienne (estimée à un an dans le cas de procédure simple), l’examen auprès des instances européennes (18 mois de tests environ lors de nouveau produit), puis les étapes nationales en France (un an encore pour décider du prix, du remboursement puis mettre en place fabrication et la distribution). Même sans être très bon en maths, nous en sommes à 2033 pour les plus optimistes d’entre nous et 2035 dans le plus raisonnable des scenarii.