Chaque début d’année, le compteur repart à zéro et chaque fin d’année, il bat des records. Si l’on regarde de plus près la manière de décompter les féminicides en France, elle diffère d’un organisme à l’autre. En 2023, le ministère de la Justice dénombrait 94 victimes de féminicides alors que le collectif Féminicides par compagnons ou ex en comptait 102 et l’association Nous Toutes, 134.
Ces différences s’expliquent par la façon dont sont comptabilisés ces féminicides. Les critères et les définitions retenus par chacun sont tous différents. Le ministère ne tient pas compte des meurtres qui ont lieu hors de la sphère de l’intime, tandis que Nous Toutes inclut ceux dans le cadre intra-familial et dans le milieu social. Le collectif Féminicides par compagnons ou ex considère quant à lui qu’il faut une dimension sexiste et misogyne pour le comptabiliser.
Certains pays européens sont allés plus loin. Les Espagnols, bien connus pour leur avancée en matière d’égalité des genres, comptent les féminicides ayant lieu dans la sphère conjugale, les féminicides commis par un membre de la famille de la victime, mais également le féminicide dit « social », exécuté par un inconnu, un collègue de travail ou encore un ami. Le pays inclut aussi les féminicides sexuels, lié à la violence ou à l’exploitation sexuelle, ainsi qu’au travail du sexe, au mariage forcé et à la mutilation génitale. Et enfin, le féminicide dit « par procuration », c’est-à-dire l’assassinat d’une personne (proches, enfants) pour nuire à une femme, est pris en compte. En Europe, les Espagnols sont les seuls à avoir mis en place un décompte aussi large et précis. En Italie, par exemple, un féminicide ne peut être compté comme tel que si la victime connaissait son meurtrier.