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Lysistrata Média

Corée du Sud : disparition de l’une des dernières femmes de réconfort

Gil Won-ok, ancienne “femme de réconfort” sud-coréenne de 95 ans, est décédée le 16 février à son domicile d’Incheon en Corée du Sud. Elle était l’une des dernières survivantes du système de prostitution forcée mis en place pendant la Seconde Guerre mondiale par l’armée japonaise.

Les historiens comptent environ 200 000 femmes de réconfort ou “jugun-ianfu” en japonais. En 1942, un document ministériel japonais recense 400 stations de réconfort. Ce sont des maisons closes dans lesquelles des femmes sont mises à la disposition des soldats japonais. Ce système est officiellement mis en place après le massacre de Nankin en 1937. Son but ? Réduire le nombre de viols sur le front et empêcher la propagation de maladies sexuellement transmissibles parmi les soldats.

Au début des années 1990, quand les victimes sortent du silence, elles sont 240 survivantes enregistrées par le gouvernement sud-coréen. Gil Won-ok est l’une d’entre elles. Comme beaucoup, à treize ans, elle monte dans un train en pensant se rendre dans une usine japonaise avant d’être confrontée à l’enfer. 80 ans plus tard, poussées par le témoignage de Kim Hak-soon en 1991, les survivantes de ce système jouent un rôle important dans le mouvement féministe sud-coréen. Le quotidien sud-coréen Hankyoreh dit de Gil Won-ok qu’elle est “une militante pour les droits des femmes et la paix”.

Pour militer, les survivantes et leurs alliés se donnent rendez-vous chaque mercredi midi devant l’ambassade du Japon à Séoul depuis 1992. Elles sont aujourd’hui sept à attendre les excuses officielles du gouvernement nippon. Un combat qui ne s’arrêtera pas avec leurs disparitions, confirmait en 2013 Gil Won-ok. “Ils se trompent s’ils pensent que ce sera terminé quand la dernière d’entre nous mourra. Nos descendants continueront de se battre autant longtemps qu’il le faudra pour avoir les excuses que l’on mérite”.