Le 13 septembre 2022, le président tunisien Kaïs Saïed promulgue le décret-loi n°54 “relatif à la lutte contre les infractions liées aux systèmes d’information et de communication”. Ce décret-loi punit de cinq ans de prison toute personne répandant ou produisant des fausses informations. Pour la Commission Internationale des Juristes, ce décret-loi permet “de contrôler ce que les gens (…) disent”. Le 11 mai 2024, une quarantaine de policiers cagoulés pénètrent dans la Maison de l’avocat de Tunis au cours d’une émission en direct sur France 24. Ils sont là pour Sonia Dahmani qui, le mardi 7 mai, avait déclaré “de quel pays extraordinaire parle-t-on ?”, en réaction à la gestion de la crise migratoire.
Le 24 octobre dernier, en première instance, elle est condamnée à deux ans de prison pour “diffusion de fausses informations”. Actuellement poursuivie dans quatre autres affaires, toujours pour les mêmes motifs, Sonia Dahmani a déjà effectué huit mois de détention. Dans un communiqué, le syndicat des journalistes dénonce un “ciblage” et des atteintes aux droits des journalistes par la justice tunisienne depuis la promulgation de ce décret-loi. De son côté, le Conseil National des Barreaux “demande aux autorités françaises et européennes de tout mettre en œuvre pour protéger les droits fondamentaux des défenseurs des droits en Tunisie”. Le jugement du procès en appel de Sonia Dahmani qui s’est tenu le 10 janvier 2025 a été renvoyé au 24 janvier prochain.