En décembre dernier, la fondation René Cassin, du nom du juriste et coauteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a lancé un prix consacré aux Droits de l’Homme. Baptisé “prix Jacques Ribs”, il entend récompenser une personne, une initiative ou une œuvre marquante dans le cadre de la protection des droits des réfugiés. Jacques Ribs était lui-même un défenseur des Droits de l’homme, juriste et président de l’association France terre d’asile durant une grande partie de sa vie.
Pour cette première édition, la fondation a récompensé Şebnem Korur Fincancı. Professeure à la retraite et médecin légiste, elle a également été la présidente de la Fondation pour les droits de l’homme de Turquie. Elle a consacré sa vie à la recherche de la vérité et lutte contre la torture et la violation des Droits de l’homme dans son pays. Elle a participé aux autopsies des fosses communes en Bosnie-Herzégovine et contribué à la rédaction du Protocole d’Istanbul, établissant des normes internationales pour l’évaluation de la torture. Şebnem Korur Fincancı s’engage par ailleurs auprès des victimes de violences sexuelles. Arrêtée en 2016 pour propagande terroriste, elle fait l’objet de nombreuses enquêtes administratives et de procès. En octobre 2022, elle est à nouveau arrêtée après avoir demandé, l’ouverture d’une enquête sur la possible utilisation d’armes chimiques par l’armée turque dans la région du Kurdistan irakien. En janvier 2023, elle est condamnée à deux ans et huit mois de prison pour “propagande en faveur d’une organisation terroriste”. Son procès en appel devait se tenir en décembre dernier et a été reporté à ce mois de janvier. Elle affirme n’avoir “jamais eu pour habitude de baisser la tête face aux autorités”.