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Lysistrata Média

Le Havre-Brest, une diffusion sous fond de désaccords dans le monde du handball

Un conflit entre Brest et la Ligue Féminine de Handball a éclaté quant à la diffusion d’un match entre les Bretonnes et le Havre. Des tensions qui traduisent des intérêts divergents sur la visibilité du championnat.  

Coup de Tonnerre, de Brest. Alors que le championnat féminin de Handball vient à peine de reprendre ses droits, le Brest Bretagne Handball s’est fendu d’un communiqué cinglant, dans un contexte brûlant. Le 8 septembre, la structure, connue pour sa couleur rose emblématique, explique que, malgré une sanction encourue, elle a pris la décision de diffuser sur ses propres plateformes la rencontre l’opposant aux Havraises, prévu le 1ᵉʳ octobre. Le club a alors reçu une amende de 5 000 euros, causée par la retransmission, non autorisée par la ligue. Le nœud du problème, le terrain du Havre Athletic Club Handball (HAC) n’est actuellement pas conforme au règlement exigé par le championnat.

En effet, la compétition exige que les terrains soient vêtus d’un tracé unique (seulement les lignes du handball, et non les autres sports intérieurs), excepté pour les clubs qui viennent d’être promus en division 1. Ce qui est le cas des Normandes. Elles auront donc six mois pour effectuer ces changements nécessaires. En attendant, les matchs ne seront pas retransmis, sous peine de se faire taper sur les doigts par les instances du Handball.

Compétition plus visible ou plus qualitative ?

Cependant, Brest a décidé de passer outre cette décision. Doté de moyens techniques suffisants pour assurer le suivi de la saison, les vice-championnes de France ont décidé de prendre en charge l’amende, et dénoncent, de surcroît, cette décision jugée injuste. « Nous ferons donc le choix de diffuser ce match entre le Havre et le BBH, en assumant l’amende, mais surtout une lutte bien plus importante : celle de l’accès au sport pour tous, de la reconnaissance de nos joueuses et de la dignité du handball » peut-on lire sur le communiqué du club. Un acte qui veut donc promouvoir la visibilité d’une discipline pas toujours mise en avant de la meilleure des manières. Dans les colonnes de Télégramme, la présidente de la Ligue avait d’ailleurs soulevé ce problème, pointant le « manque de visibilité ». 

Mais la ligue s’est empressée de réagir. Sur son site, l’instance a tenu à clarifier la situation, évoquant une décision prise en amont, de la part de l’ensemble des clubs, dont Brest. De là, on comprend le conflit d’intérêt : la diffusion à tout prix ou une retransmission plus qualitative. La position de la ligue est claire, « ce débat ne se limite pas à une sanction ponctuelle : il touche directement l’image, la structuration et l’avenir du handball féminin professionnel français. Mais nous devons trouver des solutions qui concilient nos objectifs communs », précise Nodjialem Myaro, présidente de la Ligue féminine de handball, dans le communiqué.

Brest, porteur d’un message

Mais ce qui est surprenant dans cette histoire, c’est que ce soit l’une des deux grosses écuries (avec Metz) du championnat qui soit monté au credo. « Sur ce point, on est tous d’accord, la ligue, les clubs, les supporters, il n’y a pas assez de visibilité. Et tout le monde veut avancer dans la même direction, affirme Chloé Pugliese, joueuse de la Stella Saint-Maur. Mais de voir qu’un club aussi important est porteur de ce qu’on ressent, ce n’est pas anodin ». Doté de moyens importants, le BBH diffuse tous ses matchs à domicile via un partenariat avec Tébéo, la chaîne locale. En plus de bénéficier d’une plus grande diffusion en championnat, avec un monopole des affiches sur Bein, les Bretonnes ont aussi l’exposition de la Coupe d’Europe, aussi disponible sur la chaîne sportive.

Des moyens que certaines ne peuvent pas se permettre. « On arrive à faire les choses bien sur le territoire, les gens viennent nous voir jouer à domicile, ils adhèrent, et passent un bon moment. Mais ces derniers n’ont pas la régularité. C’est dur de s’attacher à une équipe qui ne dispose pas d’images quand elle part jouer à l’extérieur », témoigne l’arrière de la Stella. Certaines rencontres restent diffusées sur la plateforme Handball TV, a raison de deux minimums par journée, mais la chaîne de la fédération reste encore payante et bien discrète. 

La situation est donc ici dans l’impasse. Entre Brest qui veut faire porter sa voix et la ligue qui veut promouvoir un contenu le plus qualitatif possible, les intérêts divergent. « C’est une étape charnière pour le handball féminin. Tout le monde veut la même chose, mais chacun ne se sent pas forcément entendu », confie Chloé Pugliese. Des différents dans un contexte économique troublé, où certains clubs ont été rétrogradés (Nantes, Bergerac, Lomme, Mérignac), mais dans une ligue qui se veut aussi de plus en plus compétitive. Entre la lutte pour le titre opposant Metz à Brest toujours excitante, l’avènement de nouvelles équipes, la compétition pour les places européennes acharnées ou la course haletante pour le maintien, le spectacle est au rendez-vous. « Si on prend le championnat dans sa globalité, sportivement, franchement, on n’a pas à rougir », soulignait Nodjialem Myaro à France Info. Une compétition qui gagnerait, pour toutes les parties, à se retrouver dans la lumière.

Prochain journée Ligue Butagaz Energie, mercredi 24 septembre : 

  • 19h30 : Saint Amand Porte du Hainaut – Metz 
  • 20h : Brest – Strasbourg Achenheim
  • 20h : Chambray Touraine – OGC Nice
  • 20h : Dijon – Toulon
  • 20h : Havre AC – Sambre Avesnois
  • 20h : Plan-de-Cuques – Paris 92
  • 20h30 : Stella Saint-Maur – Besançon