20 centimes de franc. Le 21 novembre 1924, c’est pour 20 centimes que plus d’une centaine de femmes se mettent en grève. Alors payées 0,80 franc de l’heure, soit le prix d’un litre de lait, les sardinières, surnommées Penn sardin (“tête de sardine” en breton), manifestent pour une augmentation de leur salaire. Elles demandent également de meilleures conditions de travail. Les ouvrières coupent, taillent et nettoient des poissons des heures durant, debout dans le froid. Certaines ont commencé dès leurs 12 ans et la retraite n’existe pas.
Si tout débute dans l’usine Carnaud, à Douarnenez (dans le Finistère), en quelques jours une grève générale envahi la ville. Le 25 novembre, les 21 conserveries de sardines sont à l’arrêt. Les ouvrières sont bientôt rejointes par les marins pêcheurs, mais également par le maire communiste, qui installe le comité de grève dans sa mairie. Le 13 décembre, l’une des propriétaires d’une « friture », accepte partiellement les revendications des ouvrières. Elle accorde des augmentations de salaire et reconnaît l’activité syndicale. Cela crée une brèche entre les patrons jusqu’alors solidaires entre eux. Très rapidement, le mouvement est repris dans toute la France grâce à la presse et aux syndicats. Le ministre du Travail reçoit des représentants des manifestants, mais les patrons ne veulent pas augmenter les salaires. Quelques jours plus tard, la situation vire au drame, de violentes émeutes ont lieu et le maire de la ville est blessé. Les employeurs sont contraints de négocier.
Le 6 janvier, après 46 jours de grève, un accord est trouvé. Des augmentations de salaire modestes sont accordées et le droit du travail fait son entrée dans les usines. Les heures de nuit sont également majorées.
Cette manifestation qui a eu lieu il y a 100 ans, n’est pas une grève féministe. Mais quelques mois plus tard, et alors que les femmes n’ont alors pas le droit de vote, l’une des manifestantes sera élue au Conseil municipal de Douarnenez sur la liste communiste.