Les relations de couples changent. Les femmes ont un statut plus élevé que leur conjoint, dû à leurs études. Mais cette supériorité ne veut pas dire la fin des inégalités dans le couple pour autant.
Depuis plusieurs années, des changements majeurs s’opèrent dans les relations de couple. La tendance principale était que les hommes se mettaient en couple avec des femmes moins diplômées qu’eux jusque dans les années 2000. Mais depuis peu, les femmes sont désormais plus souvent en couple avec des hommes moins diplômés qu’elles. Cette forme de relation est appelée l’hypogamie féminine.
Parmi les couples où les conjoints ont des niveaux de diplômes différents (dits “hétérogames”), 39 % des femmes étaient hypogames en 1980. La majorité de la gent féminine était donc hypergame, c’est-à-dire en couple avec des hommes dont le statut social était plus élevé. Selon les études de Christine Schwartz, professeure de sociologie à l’Université du Wisconsin, cette tendance s’est inversée, en 2020. L’hypogamie féminine représente aujourd’hui 62 % des couples hétérogames. Par effet miroir, ce sont aujourd’hui les hommes qui sont le plus souvent hypergames, soit en couple avec des femmes aux statuts supérieurs aux leurs, en termes de diplômes et/ou de finance. L’homogamie, dans laquelle les partenaires ont un niveau d’éducation identique, reste cependant plus courante et représente 44,5 % de l’ensemble des couples.
Ces chiffres s’expliquent de plusieurs façons. D’abord, jusque dans les années 70, les hommes ont eu plus accès aux études et étaient donc plus diplômés que les femmes. Selon les données de l’Insee, parues en 2018, dans les jeunes générations, les femmes sont nettement plus diplômées que les hommes. Elles possèdent plus souvent un diplôme du supérieur : c’est le cas de 51 % des femmes de 25 à 34 ans contre 43 % des hommes. Dans ce groupe d’âge, les femmes sont aussi plus souvent diplômées du supérieur long que les hommes : respectivement 36 % et 30 % d’entre elles ont un niveau de diplôme supérieur à bac + 2. Cette hypoganie est donc plutôt logique, puisque les femmes sont plus instruites que les hommes de la même génération qu’elles.
Les hommes acceptent plus les femmes diplômées
Une étude menée par Milan Bouchet-Valat, en 2014 pour l’Ined (Institut national d’études démographiques) montre également que les femmes diplomées sont aujourd’hui plus acceptées par les hommes. Dans la génération des femmes nées avant-guerre, plus elles faisaient des études, plus elles étaient susceptibles d’être célibataires. Cette recherche indique que les couples dans lesquels la femme est plus diplômée que son conjoint sont devenus plus fréquents que le cas inverse en France, depuis les générations nées à la fin des années 1950.
Si les hommes ont moins peur de se mettre en couple avec des femmes plus instruites, ce n’est pas pour autant que ce changement marque la fin des préjugés de genre. Selon une étude de la sociologue autrichienne Nadia Steiber pour l’Institut des sciences avancées, les hommes moins diplômés sont plus souvent attachés à une vision conservatrice de la société. C’est-à-dire une vision dans laquelle la femme doit être moins diplômée que son conjoint. Ces opinions majoritairement masculines ont un impact sur la vie maritale et familiale. La femme, bien que plus diplômée, est alors plus souvent contrainte de s’occuper du bébé lors de son arrivée dans la famille, alors que son conjoint continue de travailler.
En revanche, l’un des résultats positifs qui ressort de cette étude autrichienne est que les femmes en union hypogame subissent une pénalité parentale plus faible que celles en unions homogames ou hypergames. Entre les 2 ans et les 10 ans de leurs enfants, les femmes hypogames perdent environ 20 points de pourcentage de leurs revenus. Un chiffre légèrement inférieur à la perte de salaire observée chez les femmes homogames ou hypergames.